Erstsemester

Il y a quasiment deux semaines, lundi 17 octobre, c’était la journée d’accueil des Erstsemester (littéralement : « premier semestre ») à la TU. Cela concernait ceux qui commençaient leurs études supérieures (donc pas moi, bien que ce soit aussi mon premier semestre d’études à la TUM). Je ne sais pas trop ce qu’il leur était proposé dans la journée, si ce n’est qu’on leur donnait un sac bandoulière; en revanche on m’avait tenu au courant de ce qui se passait pour la fin de la journée : à 17h, discours du président de l’université sur la place principale, conclu par l’ouverture du tonneau de bière Weihenstephan, par le président lui-même! Puis distribution générale de bière et de bretzels. Je me suis laissé dire que cinq mille litres de Weihenstephaner Festbier (bière à 5,8% produite par une brasserie ayant des liens étroits avec la TUM, et qui déclare être la plus vieille brasserie du monde) avaient été distribués.

Cinq mille litres, sachant qu’il y a dix ou onze mille étudiants en Erstsemester. Mais naturellement, nombre d’autres étudiants comme moi se sont sentis concernés et ont joué des coudes pour obtenir une bouteille. J’ai tout de même trouvé ça assez insolite, cet open bière placé sous le patronage du président. Comme quoi ici, la bière, c’est la base (il paraît que c’est moins cher que l’eau minérale).

Dix ou onze mille nouveaux étudiants, ça fait beaucoup pourriez-vous me dire. Vous auriez encore plus raison de vous étonner des chiffres suivants : alors qu’en 2010 le nombre d’étudiants était de quelque chose comme 24000, il est cette année de 31000. Pourquoi?

Parce qu’en Allemagne, cette année, c’est un peu le bazar dans l’enseignement supérieur (du moins, les universités essayent de faire en sorte que ça ne le soit pas trop) : le début des études supérieures a été avancé d’un an, pour s’aligner avec les autres pays. Deux promotions de lycéens arrivent donc en même temps à l’université. Mais c’est pas tout, le service militaire vient d’être supprimé, et apparemment celui-ci se faisait couramment avant d’entrer à l’université. Bref pour gérer tout ça, ils ont carrément construit de grands amphis temporaires, sur le campus de Garching (en banlieue, à 20km du centre).

Indépendamment de cette affluence massive, le système universitaire allemand subit depuis quelques années une grosse réforme pour implanter le cursus licence-master. Il est maintenant bien en place à la TUM, mais des réajustements réguliers des règles de validation de la scolarité et de l’organisation des cours font que c’est assez difficile de s’en sortir quand on doit choisir ses cours (même pour l’administration des chaires d’enseignement, tout n’est pas clair). En particulier, un tout nouveau Fachprüfungsordnung (règlement de scolarité, qui dit en gros combien de crédits ECTS doivent être validés et comment) vient de sortir pour le master Bauingenieurwesen, i.e. le mien.

Mais revenons-en à cet accueil des Erstsemester et au discours du président, qui était accompagné sur scène des doyens de ses treize facultés. Il faisait plusieurs fois mention de l’excellence de la TUM et de son classement en Allemagne et dans le monde. Le classement de Shanghai, ça a des conséquences structurelles ici aussi, apparemment. Néanmoins, ce discours était assez tourné vers les étudiants. Quelque chose comme « c’est vous et votre potentiel de recherche qui devez permettre à la TUM de maintenir sa réputation et d’améliorer son rang dans les classements ». Le président invitait en outre les nouveaux étudiants à rester ouverts sur le monde extérieur : vie sportive, vie associative, musique; il a insisté aussi sur la religion, a encouragé les étudiants pratiquants à le rester. Ah. Nous voilà bien en Bavière, et en tout cas pas en France.

Bon, après tout ça, ce cher Prof. Dr. Dr. h.c. mult. Wolfgang A. Herrmann est passé aux choses sérieuses et a planté le robinet dans le tonneau de bière : la vidéo.